La France revendique le Chartreux à juste titre puisqu’il vit dans notre pays depuis au moins le XVIème siècle. Ce chat serait arrivé du Moyen-Orient, vraisemblablement de l’ancienne Syrie, et plus précisément des régions montagneuses de la Turquie ou de l’Iran.
Les origines
Il serait venu chez nous à bord des navires assurant le commerce entre l’Orient et les ports français après les croisades, et le spécialiste Jean Simonnet dans un ouvrage consacré à cette race. Le poil laineux du Chartreux est en effet parfaitement adapté à un climat montagnard et, surtout, sa ressemblance avec le chat de Syrie décrit par Aldrovande, savant Italien du XVIème siècle, semble bien confirmer cette origine.
Le Chartreux doit son entrée dans le monde des chats de race à deux femmes, mesdemoiselles Christine et Suzanne Léger. A la fin des années 1920, ces anciennes élèves d’horticulture de Versailles apprivoisèrent quelques sujets qui vivaient à l’état sauvage près de leur maison de Belle-Ile et entreprirent de les sélectionner. Dès la première portée, elles obtinrent des chatons bleus typés et, en 1928, elles présentèrent leur premier Chartreux en exposition féline. Plusieurs d’entre eux furent rapidement primés. Deux ans plus tard, la morphologie du Chartreux faisait l’objet d’une description exacte par le Docteur vétérinaire Jumaud, qui donna à la race son nouveau nom spécifique de relis cactus cartusianorum.
La première chatte bleue des demoiselles Léger, Marquise, mariée par leurs soins à un matou bleu de l’hôpital, Coquito, a donné naissance à la fameuse Mignonne, nommée par la suite Championne Internationale titulaire de la coupe Challenge Belge et du prix d’esthétique. Il existe quelques photos de Mignonne de Guerveur, entourée d’une ribambelle de chatons Chartreux laineux. Ces documents nous montrent que le Chartreux a relativement peu changé depuis lors.
Grâce aux efforts des demoiselles Léger, un premier standard de la race Chartreux a été établit en 1939. D’autres élevages se sont parallèlement développés dans la région parisienne et dans le massif central. Les éleveurs de Chartreux sont également partis de chats gris-bleus vivant en liberté, mais ils les ont croisés avec le Persan bleu pour améliorer la couleur de l’oeil, les deux souches ont, par la suite, été croisées avec celle de Belle-Ile.
Le Chartreux a prospéré jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Certains éleveurs, sous prétexte de le sauver, le croisèrent en effet avec des British Bleu. Ces chats perdirent ainsi leur pureté, mais conservèrent quand même leur notoriété.
Dans les années 1960, un éleveur de chaton chartreux du massif central décida d’importer d’Angleterre une femelle British bleu pour la marier à un célèbre étalon de l’époque, en vue d’éviter la consanguinité et d’apporter du sans neuf aux lignées françaises. Malheureusement, les croisements devinrent systématiques. A force de marier leurs Chartreux avec des British qui, porteurs de sang Persan, avaient une morphologie différente, certains éleveurs se retrouvèrent ainsi avec des types hybrides, tantôt chats British, tantôt chats Chartreux, tantôt les deux.